En garniture pour salade, en apéritif, en dessert, et j’en passe, la Noix du Périgord baigne depuis des années un bon nombre de mes repas. Lorsque j’étais enfant, mes grands-parents habitant Gramat, me donnaient souvent ce fruit à coquille, omniprésent dans le Lot.
Noix fraîches, Noix sèches, ou Cerneaux de Noix ; le goût subtile de la Noix du Périgord lui a permis d’obtenir l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) en 2002, et l’AOP (Appellation d’Origine Protégée) en 2004.
En grand amateur, j’ai voulu en savoir plus sur ce fruit et sa filière.
Le noyer commun de la famille des Juglandacées prospère depuis fort longtemps dans le département du Lot, de la Dordogne et de la Corrèze. Robuste et résistant à la plupart des maladies, il craint toutefois le gel printanier.
L’implantation des noyeraies dans le Lot, s’explique par la proximité du Massif Central. Ce dernier protège des vents froids du nord au printemps et arrête les nuages venus de l’Ouest pour arroser suffisamment les sols. Car cet arbre aime les sols argilo-calcaire, régulièrement arrosés mais sans excès.
L’homme utilise le noyer depuis des temps immémoriaux. Des fouilles ont montré que la noix faisait partie de l’alimentation de l’homme de Cro-Magnon, il y a de cela 17.000 ans.
… aux multiples usages
Il faut dire que le noyer est un arbre complet. Tout s’utilise dans cet arbre, rien de se perd : les feuilles et les chatons servent pour du vin de noix, la noix en brou (en juin) sert pour une liqueur, le brou de la noix (en septembre) s’utilise pour des teintures, les cerneaux broyés permettent d’en extraire une huile de noix, la coquille broyée très finement sert comme poudre anti-adhésive dans le four à bois des boulangers, et le bois est une essence noble et précieuse pour tous les ébénistes.
La liste que je viens de vous faire sur l’utilisation du noyer est non exhaustive, j’ai énuméré simplement les principaux débouchés.
Avant l’arrivée de la mécanisation agricole, toute le processus de production était manuel, du ramassage, à la vente, en passant par cette longue corvée à casser les noix, appelée le «dénoisillage». Les énoiseuses brisaient la coquille pour en extraire le cerneau avec une tricote (petit maillet à noix).
Une huile de noix qui valait de l’or
L’extraction des cerneaux de leur coquille est une étape indispensable au broyage de ceux-ci par un moulin, pour en extraire l’huile de noix après cuisson. Car bien avant le commerce de la noix du Périgord en fruit de bouche, c’était son huile qui avait le plus de valeur. Cette huile de noix servait à cuisiner, à s’éclairer et à fabriquer du savon mou.
L’huile de Noix : plusieurs siècles de monopole
C’est d’ailleurs ce qui a fait la fortune de la région à partir du XVIIe siècle, avec Souillac comme port fluvial. Les gabarres descendaient la Dordogne jusqu’à Bordeaux, le commerce de l’huile de noix arrosait l’Allemagne, l’Angleterre, et la Hollande. Au milieu du XIXe siècle, l’huile de noix commença son déclin, suite à un hiver très rigoureux qui endommagea les noyeraies, mais également suite à l’apparition de nouvelles huiles végétales (Colza en autres), bouleversant à jamais le commerce de l’huile de noix.
Le commerce se diversifia pour mettre en avant les Noix du Périgord, comme fruit de bouche.
Aujourd’hui, les techniques modernes permettent de travailler plus vite et mieux, sans perdre le savoir-faire ancestral et l’authenticité d’un produit du terroir : vibrage des noyers, écalage de la noix fraîche, ramassage mécanique rapide dès la chute des noix, lavage, triage, calibrage, séchage. Tout le processus est réalisé dans le respect du produit.
En cherchant, j’ai trouvé sur wikipédia, la photo d’une tricote, ce fameux maillet qui permet l’énoisage des noix à la main.
En 2002, la consécration
Un produit de terroir et une robuste filière construite sur plusieurs siècles, ont permis à la Noix du Périgord d’obtenir une reconnaissance : l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) en 2002, suivi de l’AOP (Appellation d’Origine Protégée) en 2004.
578 communes réparties sur la Charente (20), la Corrèze (80), la Dordogne (297), et le Lot (181) composent l’aire géographique de l’AOP Noix du Périgord, où sont implantés les noyers.
Avec ses 181 communes (31%), le Lot est le deuxième producteur de Noix du Périgord AOP. Si on rapporte cela au 3.200 Tonnes vendus par toute l’aire géographique de l’AOP sur la saison 2011-2012, le Lot commercialise indirectement aux alentours de 1.000 Tonnes par an.
3 façons de la déguster :
- En noix fraîche du 15 septembre au 15 octobre, lorsque la noix enveloppée de son enveloppe verte (le brou) est récoltée sur l’arbre puis séparée de son brou mécaniquement. Avec une fine peau, très facile à retirer, le cerneau est très blanc et croquant.
- En noix sèches début octobre, lorsque la noix chute naturellement au sol, libérée de son brou. Lavée et séchée aussitôt, elle est conservée dans un endroit sec et frais, pour être consommée à la demande toute l’année.
- En cerneau de noix : extrait de sa coquille exclusivement à la main, la noix est dégustée avec plaisir sans casse-noisette !
La Noix du Périgord AOP répond à des exigences, dont voici les grandes lignes :
Les noyers sont espacés d’au moins 7 mètres, et disposent d’une superficie supérieure ou égale à 80 m². L’irrigation est autorisée jusqu’au 10 septembre.
Le calibre des noix avec leur coquille doit être supérieure à 28mm.
Seules 4 variétés sont retenues :
- Marbot (fraîches, sèches)
- Franquette (fraîches, sèches, cerneaux)
- Corne (Sèches et cerneaux)
- Grandjean (cerneaux)
Le taux d’humidité au conditionnement :
- Noix fraîche : 30% minimum
- Noix sèche : 12% maximum
- Cerneau de noix : 5% maximum
Le poids maximum du conditionnement :
- Noix fraîche : 5 Kg
- Noix sèche : 25 Kg
- Cerneau de noix : 15 Kg
Séchage des noix :
- naturel sur liteaux
- air chaud et sec ventilé à 30°C max.
Conservation des noix :
- Noix fraîches : hygrométrie relative (80 à 95%) – Température (1 à 5°C)
- Noix sèches & Cerneaux : hygrométrie relative (60 à 75%) – Température (2 à 8°C)
Tolérances de défauts :
- Noix fraîches et sèches : 8% max. d’une autre variété & 10% max. de défauts
- Cerneaux de noix : 2% max. non comestibles & 5% max. de cerneaux plus foncé
Inscriptions :
L’année de la récolte doit être obligatoirement indiquée.
Le logo très explicite en forme de noix permet rapidement de reconnaître la Noix du Périgord AOP.
Pour m’aider à réaliser cet article je me suis aidé :
- de la Fiche INAO : Noix du Périgord
- du site officiel : noixdupérigord.com
Vidéo :
J’ai trouvé une vidéo intéressante qui illustre très bien tout le processus de la culture de la noix. Elle permet également de découvrir le travail des nuciculteurs.
J’espère que mon article vous aura plu et qu’il vous donnera envie déguster un produit du terroir lotois, la Noix du Périgord AOP.
Les communes du Lot
Ci-dessous ,les 183 communes lotoises faisant partie de l’AOP « Noix du Périgord ». Vous pouvez également visualiser ces communes sur la carte de l’Aire géographique.
Albas , Albiac , Alvignac , Anglars , Anglars-Juillac , Anglars-Nozac , Arcambal , (Les) Arques , Autoire , Aynac , Baladou , Bannes , Bélaye , Belmont-Bretenoux , Bétaille , Biars-sur-Cère , Bio , Boissières , (Le) Bourg , (Le) Bouyssou , Bouziès , Bretenoux , Cadrieu , Cahors , Cahus , Caillac , Cajarc , Calamane , Calès , Calvignac , Camburat , Capdenac , Cardaillac , Carennac , Cassagnes , Castelfranc , Catus , Cavagnac , Cazals , Cazillac , Cénevières , Concorès , Condat , Cornac , Crayssac , Cressensac , Creysse , Cuzance , Dégagnac , Douelle , Duravel , Espère , Estal , Fajoles , Faycelles , Felzins , Figeac , Floirac , Fons , Fourmagnac , Frayssinet , Frayssinet-le-Gélat , Frayssinhes , Frontenac , Gagnac-sur-Cère , Gignac , Gigouzac , Gindou , Ginouillac , Gintrac , Girac , Glanes , Goujounac , Gourdon , Gramat , Grézels , Issendolus , Issepts , (Les) Junies , Labastide-du-Vert , Lacapelle-Marival , Lacave , Lachapelle-Auzac , Lagardelle , Lamagdelaine , Lamothe-Fénelon , Lanzac , Larnagol , Laroque-des-Arcs , Larroque-Toirac , Laval-de-Cère , Lavercantière , Lavergne , Léobard , Lherm , Lissac-et-Mouret , Loubressac , Loupiac , Lunan , Luzech , Marminiac , Martel , Masclat , Maxou , Mayrac , Mayrinhac-Lentour , Mercuès , Meyronne , Miers , Milhac , Montbrun , Montcabrier , Montcléra , Montgesty , Montvalent , Nadaillac-de-Rouge , Nuzéjouls , Padirac , Parnac , Payrac , Payrignac , Pescadoires , Peyrilles , Pinsac , Pomarède , Pontcirq , Pradines , Prayssac , Prudhomat , Puy-l’Évêque , Puybrun , (Les) Quatre-Routes-du-Lot , Rampoux , Rignac , (Le) Roc , Rocamadour , Rouffilhac , Rudelle , Rueyres , Saignes , Saint-Caprais , Saint-Céré , Saint-Chamarand , Saint-Cirq-Lapopie , Saint-Cirq-Madelon , Saint-Cirq-Souillaguet , Saint-Clair , Saint-Denis-Catus , Saint-Denis-lès-Martel , Saint-Félix , Saint-Germain-du-Bel-Air , Saint-Géry , Saint-Jean-Lagineste , Saint-Jean-Lespinasse , Saint-Laurent-les-Tours , Saint-Martin-Labouval , Saint-Martin-le-Redon , Saint-Médard , Saint-Médard-de-Presque , Saint-Michel-de-Bannières , Saint-Michel-Loubéjou , Saint-Paul-de-Vern , Saint-Pierre-Lafeuille , Saint-Pierre-Toirac , Saint-Projet , Saint-Sozy , Saint-Vincent-du-Pendit , Saint-Vincent-Rive-d’Olt , Salviac , Sarrazac , Sonac , Soturac , Souillac , Sousceyrac , Strenquels , Tauriac , Teyssieu , Thédirac , Thégra , Thémines , Théminettes , Tour-de-Faure , Touzac , Vaillac , Vayrac , Vers , (Le) Vigan , Vire-sur-Lot
Une réflexion sur « Lot. La Noix du Périgord AOP »
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