Comment faire la différence entre un pigeonnier & un colombier ?
En traversant le département du Lot, il est fréquent de constater qu’un bon nombre de maisons, granges, tour, châteaux et autre bâtiments, possèdent en partie haute de petites ouverture reconnaissables entre toutes. Ces dernières signalent la présence d’un révolu élevage de pigeons.
Je ne suis pas le seul photographe amateur à m’y intéresser. Mais j’ai remarqué que chacun n’utilisait pas le même vocabulaire pour les nommer. Avec une prédominance pour le pigeonnier, certains les appellent des colombiers. Ma curiosité m’a poussé à en savoir plus. En recoupant plusieurs articles sur le sujet, je vous livre des raisons étymologiques et techniques à cela.
Pour ceux qui ne le savent pas, les pigeons produisent un excellent engrais (la colombine). La fiente de ces oiseaux était très prisée :
- pour les cultures
- comme arôme dans les boulangeries
- En pharmacie
Afin de les élever, on logeait les pigeons dans des édifices de différentes tailles, appelés pigeonniers ou colombiers.
Un signe extérieur de richesse
L’espace intérieur réservé aux pigeons était divisé en nichoirs, appelés boulins, pour accueillir chacun un couple de pigeon. Les boulins pouvaient être en pierre, en brique, en poterie, en osier…
Ces édifices ont été nommés pigeonniers depuis le XVIIIe siècle, quand la révolution française a permis aux paysans de jouir à leur tour de ces droits seigneuriaux. En effet, un droit de colombier était en vigueur pour chaque propriétaire (noble ou non), en fonction de leur surface de terres labourables, et la capacité était limitée à une centaine de boulins environs.
On peut les caractériser ainsi :
- le colombier désigne un édifice indépendant dédié exclusivement aux pigeons.
- le pigeonnier désigne plutôt une extension ou l’aménagement d’un bâtiment existant.
Le garde-pile (grenier à grains indépendant) est bien souvent confondu avec le colombier, car pour valoriser la toiture on y logeait des pigeons, mais le reste du bâtiment servait à entreposer la semence pour l’année suivante à l’abri des rongeurs et des incendies.
Omniprésence des pigeonniers
Les pigeonniers dont la plage d’envol était à l’abri des vents dominants pouvaient être dans un étage dédié, au dessus d’un poulailler, d’un chenil, d’une étable, ou d’une grange.
Autant dire que les colombiers ou véritables pigeonniers étaient associés à de grosses exploitations seigneuriales.
L’élevage des pigeons apparu en France il y a 2 millénaires, lors de la conquête romaine par César, a malheureusement été condamné faute de rentabilité, avec l’arrivée des engrais chimiques à la fin du XIXe siècle.
Dans les règles de l’art
Les colombiers & pigeonniers obéissaient à quelques règles de sécurité, pour dissuader les prédateurs (fouines, rats, rapaces, …), et éviter le ravage des champs par les pigeons lors des semis :
- Une porte d’accès hermétique
- Murs lisses avec un larmier (bandeau en saillie) ou randière
- bande horizontale de carreaux vernissés
- Un volet pour enfermer les pigeons
- Éloignement des grands arbres
- Plage d’envol en saillie
Les constructions indépendantes pouvaient être sur piliers ou sur arcades, et prendre plusieurs formes :
- Carré
- Rectangulaire
- Cylindrique
- Hexagonal
Parmi les régions les plus densément fournies, le Quercy figure dans le peloton de tête, et le Lot, comme je le stipulais en introduction en regorge. On retrouve tous les styles possibles.
C’est vraiment intéressant de constater que les pigeonniers étaient omniprésents dans le Lot. Il est difficile de s’imaginer la vie dans les villages et dans les campagnes d’autrefois avec tous ces volatiles.
Le colombier des Pradels est le plus important colombier du Lot avec ses 2.000 boulins. Datant du XVIe siècle, il appartenait au château d’Assier (Célèbre fief de Galiot de Genouillac).
Le pigeonnier-porche du Tissandié est quant à lui le plus connu car il est souvent présent dans les brochures du Lot. Datant probablement du XVe siècle, il est situé à Lavergne (entre Gramat & Saint-Céré).
Une liste non exhaustive des pigeonniers et colombiers lotois
Pour une meilleure visibilité, j’ai répertorié les pigeonniers et les colombiers dans une liste sous forme de tableau.
Pour m’aider dans l’élaboration de cette liste, il n’y a pas de site ou de recueil. Ainsi, c’est plutôt au gré de mes balades que je la complète en m’appuyant (pour les sujets les plus isolés) des cartes IGN.
Les photos proviennent de ma photothèque dans leur ensemble ; néanmoins certaines peuvent provenir d’autres photographes (identifiées par un barre rouge et le crédit photo), quand j’estime que leur photo est plus valorisante. Je synchronise régulièrement cette liste avec mon album flickr sur les pigeonniers. Un diaporama flickr de mes photos se situe à la suite du tableau.
Pour chaque pigeonnier ou colombier de la liste, lorsque une icône est contrastée et colorée, un lien est disponible en cliquant dessus. En cliquant sur une photo vous obtiendrez un agrandissement de celle-ci, dans un pop-up.
Ci-dessous quelques-une de mes photos :
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Très belles recherches et explications poussées donnant envie de prolonger la lecture.