Ce château du XVIe siècle est un chef d’oeuvre de la première Renaissance française en Quercy.
Comparé au château d’Assier, il est somptueusement conservé. Et pourtant, il a failli ne jamais nous parvenir, si un riche industriel ne l’avait pas sauvé de la ruine au début du XXe siècle.
Saint-Jean-Lespinasse est situé à moins de 3 kilomètres de Saint-Céré. Emprunter la RD 673, en prenant la Direction de Rocamadour. Après avoir longé la Bave sur 2 kilomètres, tourner à gauche sur la RD241. Au bout de 500 mètres, tourner une nouvelle fois à gauche, le parking du château se trouve 2 hectomètres plus loin, après le Golf.
C’est en août 2016 que j’ai pu découvrir ce magnifique château Renaissance. Ce dernier sortait d’une longue fermeture de 18 mois pour travaux. D’un montant de 1,7M€, ils ont permis de remettre aux normes le réseau électrique et la sécurité incendie. Pendant cette période, toutes les collections du château, mais également les brocatelles recouvrant les murs des salles du premier étage ont également pu profiter d’une restauration.
Un joli cadre champêtre
A l’écart du bourg de Saint-Jean-Lespinasse, le château de Montal bénéficie d’un cadre bucolique. En effet, le domaine est entouré par un golf, des champs et des espaces boisés. Le parking partiellement ombragé est de bonne dimension. De ce dernier, un chemin en légère montée serpente sur une centaine de mètres pour amener les visiteurs à l’entrée du château.
La façade médiévale
La façade Nord-Ouest limitée par 2 des 3 tours rondes, évoque un style mêlant Moyen-Âge & Renaissance. Mais l’aspect médiéval domine. Malgré la présence de belles lucarnes, le petit pont enjambant les douves pour donner accès à une tour carré munie d’une échauguette et de latrines renforce cette impression. Toutefois, l’entrée du château ne se situe pas là, mais à l’arrière de la tour ronde de droite.
L’entrée est très agréable, car elle a été réaménagée. Un premier hall comprend un élévateur pour les personnes à mobilité réduite. Lui succède un vaste accueil permettant de prendre son billet tout en admirant deux imposants moulages des lucarnes du château.
Muni de son billet, les hôtesses de l’accueil nous indique l’heure et le point de rendez-vous avec notre guide. Elles nous invitent à patienter librement entre les pièces du rez-de-chaussée et les extérieurs.
La partie en visite libre
En attendant notre guide, on peut :
- soit admirer le château et ses 2 ailes depuis la cour d’honneur,
- soit déambuler dans les communs du châteaux
- soit se détendre dans les jardins.
Quoiqu’il en soit, il y a un passage obligé devant un escalier monumental rampe sur rampe finement sculpté jusqu’au revers des marches. Mais j’y reviendrai plus tard.
La cour d’honneur
Depuis la cour d’honneur, le contraste est alors saisissant. L’aspect médiéval et l’austérité de la façade occidentale laisse place à un style Première Renaissance avec des façades comprenant des moulures, une large frise horizontale, une corniche à coquilles, des hautes lucarnes sculptées, des fenêtres à meneaux et une série de bustes en haut relief.
La frise est un mélange de figures mythologiques et allégoriques. Les bustes quand à eux sont les sept portraits honorant les morts et les vivants à l’époque des travaux transformant le château médiéval en château Renaissance.
Un monument funéraire
Plus tard dans la visite, le guide commentera la façade, en nous indiquant que les décorations du château symbolisent l’immense tristesse d’une femme. En effet, le château d’origine est acquis par Robert de Balzac (1440-1503), grand seigneur français ayant été gouverneur de Pise et sénéchal d’Agenais. Sa fille Jeanne de Balzac (épouse de Amaury de Montal) se retrouva veuve en 1510. Elle décida alors de transformer la demeure médiévale préexistante dans le style Renaissance. Les travaux entamés en 1519, ont duré 15 ans. Entre temps, le fils aîné décéda aux cours des guerres d’Italie. Bouleversée par ces deuils multiples, elle transforma le château en monuments funéraire pour honorer les défunts.
Les plans initiaux prévoyaient une aile orientale et une galerie de liaison, mais elles ne furent jamais construites. Toutefois en 1969, des travaux de restauration rétablirent un caractère fermé de cour en plantant une double allée de tilleuls en équerre autour de la cour d’honneur.
Les jardins
Un château Renaissance ne serait pas un château Renaissance, s’il n’était pas accompagné de beaux jardins.
Le château de Montal possède un modeste jardin à la française très bien entretenu et proportionnel à la taille de celui-ci.
On appréciera l’art topiaire des motifs, le château en arrière plan, la vue sur les champs environnant et l’alignement d’arbres ornementaux bordant une allée secrète se trouvant derrière un portail massif en fer forgé.
Les communs
Au rez de chaussée, plusieurs salles se succèdent. Une grande cuisine, suivi d’une grande salle à manger, s’apparentant plus à une salle de banquets au vu des dimensions, des belles voûtes, de la cheminée, et du mobilier hors norme.
On appréciera également le sol composé de dalles de pierre.
La visite guidée
Le guide commence la visite par les extérieurs en nous détaillant toutes les subtilités des façades de la cour d’honneur. Pendant un quart d’heure, il nous compte l’histoire de Jeanne de Balzac et associe les événements aux détails architecturaux.
Puis il nous évoque, l’histoire du château à travers les siècles. Il nous évoque, les reventes successives de ce dernier, jusqu’à la période sombre où le château est revendu à un marchand de biens.
Au bord de la ruine
En 1880, ce marchand de biens décide de démonter les décors sculptés, les portes, les lucarnes et les cheminées pour les vendre.
Le magnifique escalier rampe sur rampe aurait put subir le même sort, mais après plusieurs tentatives de ventes aux enchères, le château est revendu en 1908 à Maurice Fenaille, un riche industriel. Ce dernier avait acquis quelques années auparavant des éléments sculptés provenant du château de Montal. Il s’engagea à restaurer sa splendeur, malgré l’état désastreux du château. La photo ci-dessus précédant les travaux permet de s’en faire une idée.
Maurice Fenaille, un homme providentiel
Pendant cinq ans, ce mécène mena un travail titanesque grâce à sa forturne et ses relations. Il consulta notamment Auguste Rodin pour la restitution des décors sculptés.
Traquant tous les pièces éparpillées à travers l’Europe, il récupèra une à une la plupart des éléments ayant été vendus 30 ans plus tôt. A défaut, il fit réalisé des copies parfaites.
En un temps record et avec une efficacité exemplaire, Maurice Fenaille réalisa ainsi pour le château de Montal une action de sauvegarde magistrale.
En mai 1913, Maurice Fenaille fait don à l’État, du château et de son mobilier, accompagné d’un domaine d’une vingtaine d’hectares et d’une importante somme d’argent dont les revenus et bénéfices doivent servir à l’entretien du monument. Ce don est célébré par une réception au château avec le président Raymond Poincaré en septembre de la même année.
L’escalier rampe sur rampe
La visite du château se poursuit par une montée dans les étages en empruntant l’escalier desservant les 2 corps de logis. L’escalier droit de Montal est connu pour ses revers de marches entièrement sculptés.
L’ornementation est riche et variée. La maîtresse des lieux, Jeanne de Balzac s’y affirme avec le présence de son portrait sculpté en médaillon et de ses initiales répétées.
Des appartements lumineux
Le guide nous invite ensuite à le suivre dans les différentes pièces de la partie noble du château. Tel un gardien de musée, il ouvre ou referme les volets d’un grand nombre de pièces.
Il nous explique que malgré l’installation de double-vitrage avec des filtres anti-UV, les brocatelles recouvrant les murs sont d’une extrême fragilité.
Pour les préserver, certaines pièces sont plonger dans la pénombre en dehors des visites.
Ainsi, lorsque les volets sont ouverts, les pièces sont lumineuses. Les décors sont dignes d’un château. Le mobilier nous transporte dans un autre siècle. L’acoustique de ces pièces avec de grandes hauteurs sous plafond, ses murs tapissés et ses sols, renforce cette impression.
Une belle vue
C’est ainsi que le guide nous dévoile pièce après pièce, les appartements du château.
Les galeries de l’aile occidentale sont magnifiques. De surcroît, elles permettent à travers leurs fenêtres de profiter d’une vue unique sur la cour d’honneur et les jardins.
Pendant mes recherches sur le château de Montal, j’ai pu collecter quelques cartes postales et gravures anciennes donc voici un diaporama :
Afin de vous faire une idée du château de Montal, j’ai conçu une vidéo de 6 minutes à l’aide d’une Gopro hero3+. Lors de ma visite, je n’ai pas utilisé de stabilisateur car je ne savais pas si je pourrais l’exploiter pleinement. J’ai donc fixé la Gopro dans sa frame sur la griffe flash de mon appareil photo. A différents endroits du château, j’ai effectué un balayage tout en douceur pour éviter les tremblements. Le rendu est étonnamment correct. J’avais peur de devoir utiliser un filtre de stabilisation en post-production et perdre l’avantage du grand-angle de la caméra.
Ci-dessous, quelques-unes de mes photos.
Cliquer sur les flèches latérales pour naviguer.
J’espère que mon article vous incitera à venir visiter ce magnifique château Renaissance.
Profitez-de votre visite au château de Montal, pour visiter le château de Castelnau-Bretenoux, à une dizaine de kilomètres en aval sur la vallée de la Bave. De surcroît, il vous est possible d’acheter un billet jumelé à tarif réduit pour visiter les 2 châteaux.
Ci-dessous, vous trouverez une liste non-exhaustives des autres points d’intérêts sur la commune de Saint-Jean-Lespinasse.