C’est par un pur hasard que je suis tombé sur l’ancienne écluse d’Assier. Ce jour là, je me trouvais sur la rive aveyronnaise du Lot pour photographier la centrale-hydroélectrique de Juniac, lorsque je fus très surpris d’apercevoir à une centaine de mètres en aval, cette silhouette très particulière recouverte d’une abondante végétation.
Intrigué, je me suis planifié une sortie, afin d’explorer ce vestige d’une époque où le Lot (lotois) était entièrement navigable.
Au temps du Lot navigable.
Avant d’aller plus loin dans cet article, il est intéressant de rappeler que le Lot était la rivière la plus canalisée de Gascogne et permettait de naviguer sur 256km en passant pas moins de 76 écluses. La rivière permettait une pénétration profonde dans le Massif Central. Le bassin houiller de Decazeville en a profité.
L’exploitation de ces écluses ne dépassa pas un siècle (1840-1926), car concurrencées par le rail, elles furent abandonnées. Le tourisme les a remis sur le devant de la scène avec de nombreuses restaurations. Aujourd’hui, il est de nouveau possible de les emprunter en partie, au plus grand plaisir des plaisanciers. En effet, le conseil général du Lot investi massivement chaque année pour l’entretien et la remise en état. Petit à petit, le Lot redevient navigable.
Dans le Contact Lotois n°86, vous y trouverez page 8 & 9, un carte de navigabilité du Lot, dont j’ai pu vous en extraire ci-dessus la carte, mais j’y reviendrai plus en détail dans un prochain article.
Ce fut donc, pour moi une surprise de découvrir une écluse à cet endroit, car lorsque je pars en ballade pour prendre des photos de notre patrimoine, je jette un œil sur les vues satellites. Comme vous pouvez le constater sur la photo satellite google maps ci-contre, la végétation dense la dissimule complètement.
La route la surplombant ne permet pas non-plus d’imaginer qu’une écluse s’y cache. Il faut se trouver sur la rive aveyronnaise du Lot pour l’apercevoir.
C’est ainsi que lors d’une sortie dont l’objectif était la centrale hydroélectrique de Juniac, le bajoyer de cette vieille écluse se trouvant en arrière plan m’a tout de suite interpellé.
Ce jour là, le timing m’a empêché de traverser la rivière 3 km en aval pour y jeter un œil. J’ai reporté l’exploration car je me doutais que cela ne serait pas une chose facile.
Ronciers et orties au menu !
Quelques temps plus tard, je me décidais d’aller l’explorer et je ne m’étais pas trompé, car l’accès est vraiment difficile. Il faut déjà trouvé le meilleur endroit sur le bord de la route pour y accéder. A l’aplomb de l’écluse, la pente obstruée par des ronciers, rend l’accès impossible. Heureusement, une brèche dans ce rempart végétal, existe 50 mètres en amont et permet de pénétrer dans cet jungle sans prendre trop de risque. Néanmoins, il faut s’armer de bonnes chaussures, et de vêtements couvrants car les orties, les ronces, et j’en passe font parties du décor.
Qui dit cinquante mètres en amont sur la route, dit cinquante mètres à travers la jungle. A l’aller, j’ai du avancer mètre par mètre, et parfois centimètre par centimètre afin d’écarter ou d’aplatir cette végétation peu accueillante. J’ai vraiment regretté mon taille haie !
Après 10 minutes de progression difficile, je me suis demandé à quel moment je pourrais monter sur le plateau de la rive droite de l’écluse. Le sol était de plus en plus mou. C’est alors que j’ai compris : j’étais dans l’écluse même, avec les 2 bajoyers de part et d’autre. Le radier de l’écluse avait été comblé !
La nature a tout repris.
Le plateau de la rive droite est recouvert de ronciers. Il est donc impraticable.
Le plateau de la rive gauche est accessible par la porte amont de l’écluse. Néanmoins, une fois monté dessus, la végétation est envahissante et s’étale par endroit sur 3/4 de la largeur du plateau. J’ai du m’accrocher aux branches de certains arbres du radier comblé, pour ne pas tomber dans le Lot. Sans être très rassuré, j’ai pu atteindre la bitte d’amarrage de la porte aval de l’écluse.
Puis, j’ai rebroussé chemin sur ce plateau de la rive gauche pour revenir à la porte amont de l’écluse. Je suis descendu dans le sas comblé, pour me diriger vers l’aval de l’écluse. Une déclivité du sol me faisait descendre, au fur et à mesure que je me rapprochais de l’aval. A quelques mètres de la porte aval, le sol ressemblait à une éponge, et j’ai compris qu’il devait y avoir une voie d’eau entre le radier et le sol que je foulais. J’ai préféré en rester là.
Je ne peux pas vous dire à quelle date fut comblée l’écluse, mais la taille des arbres laisse imaginer que cela ne date pas d’hier.
Un entretien s’imposerait
Même si cette écluse n’a plus d’utilité, je trouve cela dommage de ne pas contenir cette végétation qui détériore ce patrimoine bicentenaire année après année.
Nos aïeux ont du se donner tant de mal à la construire. La moindre des choses serait que la commune de Capdenac fasse débroussailler le site une fois par an.
Certes dans un premier temps, il faudrait une demi-douzaine de bûcherons pour dégager les nombreux arbres. Mais ensuite, l’entretien annuel suffirait.
Mon exploration terminée, le retour a été plus rapide, en empruntant le chemin tracé à l’aller.
Si l’envie vous prend d’explorer également l’écluse de Juniac à Capdenac, prenez un sécateur de grande dimension pour participer à son débroussaillage !
Ci-dessous quelques-unes de mes photos :
Utiliser les flèches latérales pour naviguer
Pour finir, vous trouverez ci-dessous un carte non-exhaustive des écluses sur le Lot lotois. Cette carte est en cours de construction et servira pour un futur article parlant de la navigation sur le Lot. En cliquant sur les repères, vous obtiendrez un mini-descriptif de l’écluse avec une photo :
- Repères oranges : écluses désaffectées
- Repères violets : écluses réaffectées
- Repères verts : écluses restaurées
- Repères gris : écluses détruites
Si l’envie vous prend d’explorer également l’écluse de Juniac à Capdenac, prenez un sécateur de grande dimension pour participer à son débroussaillage !
Ci-dessous, vous trouverez un liste non-exhaustive des autres points d’intérêts sur la commune de Capdenac dans le Lot.